La route vers les Jeux olympiques d’hiver de Milan 2026 s’annonce déjà impitoyable pour le patinage artistique masculin. Entre les favoris établis comme Ilia Malinin ou Yuma Kagiyama et l’émergence de talents comme Mikhail Shaidorov ou Shun Sato, la concurrence est plus forte que jamais.

Dans ce contexte relevé, chaque pays mise sur ses représentants pour décrocher les précieux quotas. La Russie, encore privée de participation ces dernières saisons, a dû passer par les tournois qualificatifs. Et c’est Pyotr Gumennik qui a assumé cette lourde responsabilité : il a non seulement offert un billet olympique à sa délégation, mais s’est imposé comme l’un des outsiders les plus audacieux du circuit.

Avec son choix risqué de cinq quadruples sauts dans le programme libre, Gumennik incarne une nouvelle vague de patineurs russes : ambitieux, maximalistes et prêts à rivaliser avec les meilleurs mondiaux.

Un style singulier qui séduit

Depuis ses débuts sur la scène internationale, Gumennik attire l’attention non seulement par sa technique, mais aussi par son image atypique. Cheveux longs, charisme, élégance, il a été comparé à une version masculine de Carolina Kostner. L’Union internationale de patinage (ISU) l’a même décrit comme un patineur « fort, passionné et précis ».

Son choix artistique renforce cette singularité. Après avoir tenté un programme plus abstrait, il a décidé de revenir à une valeur sûre : Onéguine, le roman d’Aleksandr Pouchkine.

Le défi des cinq quadruples sauts

Annoncer cinq quadruples, c’est entrer dans la cour des très grands, mais aussi prendre un risque considérable. Gumennik en est conscient, mais assume pleinement sa stratégie.

« Je veux faire cinq quads pour les Jeux olympiques, alors je n’ai plus qu’à me préparer à ce contenu. À l’entraînement, cela fonctionne assez souvent, mais en compétition, avec la pression, c’est plus compliqué. C’est pourquoi il est très important de ne pas essayer cela pour la première fois aux Jeux olympiques », confie-t-il.

À Pékin, ce pari a entraîné des erreurs : un lutz et un rittberger inachevés, une cascade manquée, et un double axel oublié. Résultat : plus de dix points de base technique perdus. Cependant, cette audace lui a permis de valider son quota olympique.

Les composantes de programme de Gumennik progressent mais restent en deçà de celles des leaders mondiaux comme Ilia Malinin ou Yuma Kagiyama. Ses notes oscillent encore autour de 7,5–8, contre plus de 9 pour ses concurrents directs. Mais les juges semblent de plus en plus sensibles à son interprétation et son charisme.

Hommes qualifiés aux JO 2026

1. Petr Gumennik (Russie) – 262,82

2. Kim Hyun-gyum (Corée du Sud) – 228,60

3. Donovan Carrillo (Mexique) – 222,36

4. Kyrylo Marsak (Ukraine) – 217,57

5. Li Yuxiang (Taipei chinois) – 216,98

6. David Lewton-Brain (Monaco) – 216,12

7. François Pitot (France) – 214,57

8. Georgy Rashtenko (République tchèque) – 213,06

9. Heinrich Hartung (Allemagne) – 211,17

10. Tamir Kuperman (Israël) – 201,60

11. Semyon Danilyants (Arménie) – 200,00

12. Alexander Vlasenko (Hongrie) – 194,18

13. Jari Kessler (Croatie) – 190,54

14. Dias Zhirenbayev (Kazakhstan) – 189,14

15. Maurizio Zandron (Autriche) – 188,85

16. Evgeny Puzanov (Biélorussie) – 185,15

17. Douglas Gerber (Australie) – 182,84

18. Edward Appleby (Grande-Bretagne) – 174,12

Rédigé par

Delphine Toltsky

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