
Les patins d’essai sont chaque année un moment clé pour le patinage artistique russe. C’est la première occasion pour tous les athlètes de présenter leur nouveau programme en vue de la saison à venir.
Pour les athlètes, c’est l’opportunité de marquer les esprits, parfois davantage par le concept et l’originalité des programmes que par leur contenu technique. Cette saison, l’événement s’est tenu à Saint-Pétersbourg.
1. Trop d’animateurs, pas assez de patineurs
Sur la glace comme dans les tribunes, un paradoxe s’impose : les anciens sportifs, autrefois lassés par des questions superficielles, sont aujourd’hui eux-mêmes à l’origine d’entretiens répétitifs. Mikhaïl Kolyada en est l’exemple type, enchaînant les « Comment allez-vous ? » ou « Comment est venue l’idée du programme ? », au risque d’ennuyer spectateurs et patineurs.
L’absence de commentateurs professionnels, compréhensible après la disparition d’Alexander Grishin, souligne pourtant un besoin urgent : trouver un duo journaliste–ancien athlète capable d’analyser avec nuance.
Sur la glace, la répartition n’a pas été optimale : si l’on a vu beaucoup de visages connus, des talents en devenir comme Matveï Vetlugine ou Artur Danielyan ont été écartés, et le nombre d’athlètes était plus réduit que d’habitude.
2. Gumennik, entre assurance et originalité
La fédération a pris un pari en misant sur Piotr Gumennik, et le résultat est concluant. Après Pékin, même les spectateurs étrangers les plus critiques ont admis son évolution.
Ses programmes témoignent de cette maturité : « Perfume » se distingue par son intensité et son originalité, tandis qu’« Onéguine » pousse la complexité technique au maximum. Gumennik confirme son statut de meilleur patineur russe en simple, capable de séduire autant par l’équilibre de son contenu technique que par la qualité artistique.
3. L’élégance des uns, les excès des autres
Plusieurs prestations ont marqué les esprits. Nikolay Ugozhaev a présenté un programme libre sobre et raffiné sur The Sound of Light de Currentzis. Elizaveta Pasechnik et Dario Cirisano ont surpris en danse rythmique, grâce à un tempo élevé et des éléments acrobatiques rarement vus à ce niveau.
À l’inverse, Mark Kondratyuk a divisé. Son programme sur Hava Nagila a amusé, mais sa version dramatique de La Liste de Schindler a choqué, jugée inappropriée par beaucoup. Un contraste qui souligne son talent pour le spectacle, mais aussi son penchant pour l’excès.
4. Boykova/Kozlovsky : renaissance, Mishina/Galliamov : doutes
Pour Anastasia Mishina et Aleksandr Galliamov, cette saison s’annonce comme la plus compliquée de leur carrière. Blessures, incertitudes et exclusion internationale ont pesé lourdement. Pourtant, Mishina a impressionné par sa détermination, continuant son programme malgré les difficultés de son partenaire.
À l’inverse, Aleksandra Boykova et Dmitri Kozlovsky semblent revivre. Avec un nouvel entraîneur et un quadruple lancer parfaitement exécuté, ils envoient un message fort : cette saison sera sérieuse. Ce renouveau pourrait rebattre les cartes au sein des couples russes.
5. Petrosyan : la fatigue au mauvais moment
Adeliya Petrosyan, pilier du clan Tutberidze, a montré des signes de fatigue. Deux semaines de compétitions consécutives ont laissé des traces : à Saint-Pétersbourg, son programme libre n’a pas convaincu.
Si elle conserve une longueur d’avance sur le plan technique, la confiance lui sera essentielle d’ici les Jeux. En face, Alisa Dvoeglazova s’impose comme l’étoile montante : fraîcheur, dynamisme et ultra-C impressionnants la placent déjà parmi les favorites du championnat national.
Conclusion
Ces patins d’essai ont confirmé les forces et faiblesses du patinage artistique russe à l’aube d’une saison où le retour à l’international semnle se profiler.
Gumennik prend une longueur d’avance, Boykova et Kozlovsky renaissent, tandis que Mishina et Galliamov doivent retrouver confiance. Chez les femmes, Dvoeglazova s’affirme, mais Petrosyan devra prouver qu’elle peut encore répondre présente dans les grands rendez-vous.
Le championnat de Russie s’annonce plus ouvert et imprévisible que jamais.