
Guillaume Cizeron, de retour sur la glace avec une nouvelle partenaire, Laurence Fournier-Beaudry, a signé des débuts tonitruants au Grand Prix. Le duo franco-canadien s’est imposé, obtenant même quatre notes parfaites (10.00) dans les composantes de la danse libre, un exploit rarissime.
À titre de comparaison, sur les 56 patineurs des derniers Mondiaux, cette note n’avait été attribuée que deux fois, aux Américains Madison Chock et Evan Bates.
Une victoire solide malgré une erreur
Leur avance sur le duo britannique Lilah Fear / Lewis Gibson n’est que d’un point, mais le résultat aurait pu être bien plus net. Une erreur technique de Cizeron dans la danse rythmique, estimée à environ 7 points de pénalité, a limité l’écart. Autrement dit, la domination du nouveau couple aurait pu être incontestable.
Les Italiens, grandes victimes du renouveau français
Cette performance a eu un effet collatéral inattendu : le déclin brutal de Charlène Guignard et Marco Fabbri. Longtemps considérés comme les dauphins de Chock/Bates, les Italiens ont vécu une véritable douche froide à l’étape française : cinquièmes de la danse rythmique, ils ont vu s’éloigner leurs espoirs de podium olympique.
Leur programme libre, pourtant lyrique et sincère, n’a obtenu que 52,78 points dans les composantes, une note digne du top 10, mais loin des standards du podium.
Tensions et soupçons autour du « clan de Montréal »
Sur les réseaux sociaux, Charlène Guignard a réagi avec virulence, relayant des messages d’indignation de fans dénonçant un « arbitrage biaisé en faveur des patineurs de Montréal« .
Il est vrai que l’Académie de Montréal, dirigée par Marie-France Dubreuil et Romain Haguenauer, est devenue un véritable empire du patinage : les principales équipes, françaises, britanniques, lituaniennes, géorgiennes, s’y entraînent.
Ce réseau d’influence semble peser lourd dans les jugements, au point que certains y voient une forme de monopole artistique et politique sur la discipline.
Des juges divisés
Les protocoles révèlent des écarts frappants : la juge lituanienne a noté Guignard/Fabbri plus de 7 points en dessous de la moyenne, tout en surévaluant les duos de son propre pays.
Ironie du sort, le juge canadien, pourtant proche de l’école montréalaise, s’est montré le plus indulgent envers les Italiens. Tout cela ne serait donc pas un coup monté…
L’arrivée triomphale du nouveau duo français redessine totalement le paysage. Le retour de Cizeron fait trembler le couple Chock/Bates, triples champions du monde en titre, jusqu’ici considérés comme intouchables.
Un Grand Prix à rebondissements
Les prochaines étapes s’annoncent décisives. Fournier-Beaudry et Cizeron affronteront bientôt Piper Gilles et Paul Poirier, ainsi que les Shibutani, dans un duel plus neutre en Finlande.
De leur côté, Guignard et Fabbri devront absolument remporter l’or au Japon pour espérer une qualification en finale du Grand Prix. Ce scénario reste peu probable au vu des forces présentes.
Un haut du tableau saturé de talents
Entre les Français, les Américains, les Britanniques, les Canadiens et les Lituaniens, la bataille pour le podium olympique s’annonce féroce.
Le retour de Guillaume Cizeron bouleverse l’équilibre fragile de la danse sur glace mondiale. Son association avec Laurence Fournier-Beaudry est déjà une réussite artistique.
Reste à savoir si cette renaissance sera couronnée d’or… ou freinée par les équilibres diplomatiques d’un sport où l’esthétique et la stratégie patinent souvent main dans la main.
Rédigé par
Delphine Toltsky
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