Dans le programme court de la finale du Grand Prix à Nagoya, Ilia Malinin a choisi de franchir un nouveau seuil technique, tentant une cascade inédite.

Frustré de « concourir sans concurrence réelle », comme il l’a confié, Ilia a décidé de repousser encore un peu plus les frontières techniques de son sport. Il tente ainsi une cascade jamais réalisée : un quadruple axel enchaîné avec une triple boucle piquée.

L’audace au cœur de la compétition

Le quadruple axel reste un saut que seul Malinin maîtrise aujourd’hui en compétition. Le réaliser en combinaison représenterait un nouveau palier. À l’entraînement, le jour de son anniversaire, l’Etatsunien avait réussi cette « ultracascade », et l’avait même répétée avant la finale. La tentation de la tenter en compétition était donc très forte.

Malinin peut se permettre de tels paris : sa supériorité technique, ses douze victoires internationales consécutives, ses deux titres mondiaux et son aptitude à retourner n’importe quel classement grâce à son programme libre lui confèrent une latitude rare.

À quelques semaines des Jeux olympiques, il expérimente, teste, ose. Et surtout, il tente de « s’inscrire toujours plus durablement dans l’histoire ».

L’échec de la cascade

Dernier à s’élancer, Malinin a vu avant lui Yuma Kagiyama livrer la performance de sa vie : un programme court record, 108,77 points, encore plus fort que celui qu’il avait réalisé à Pékin 2022. De quoi impressionner, mais pas forcément Ilia, dont les nerfs ont été mis à l’épreuve au fil de ses victoires récentes.

Malheureusement, la cascade historique n’a pas fonctionné. Un step-out dès le quadruple axel l’a empêcher de poursuivre la suite de la combinaison. Visiblement contrarié, non pas par le score mais par l’échec technique lui-même, Malinin a quitté la glace avec 94,05 points. Il termine troisième derrière Kagiyama et Shun Sato.

Deux visions du patinage

Le contraste entre les deux patineurs est interessant à observer.

Kagiyama s’appuie sur un contenu technique volontairement allégé mais exécuté avec une précision extraterrestre, récompensée par des GOE stratosphériques. Sur un quadruple toe–triple toe, il a reçu plusieurs notes maximales, une rareté à ce niveau.

Malinin, lui, poursuit une autre logique : pousser toujours plus loin la complexité des sauts, tenter ce que personne n’ose, quitte à se mettre en danger. Mais c’est ce rapport au risque qui fait de lui un pionnier autant qu’un champion.

Rédigé par

Delphine Toltsky

**
Mon site est consacré au patinage artistique, mais il va bien au-delà de la simple performance sportive.
J’y explore aussi les réalités complexes qui entourent les athlètes de haut niveau : dopage, harcèlement, tca, santé mentale.
J’aborde également les questions de genre ainsi que les dimensions politiques et géopolitiques du sport, pour proposer une réflexion critique sur le monde du patinage et, plus largement, sur l’univers du sport.
**