
L’Union internationale de patinage (ISU) a enfin rendu publique sa décision concernant la participation des patineurs russes aux épreuves qualificatives pour les Jeux olympiques de 2026.
Une annonce qui, loin d’apaiser les tensions, soulève de nombreuses interrogations, notamment sur les critères d’éligibilité appliqués par l’instance.
Une sélection partielle en patinage artistique
Les patineurs russes engagés en individuel ont obtenu l’autorisation de participer sous statut neutre. Adelia Petrosyan et Pyotr Gumennik représenteront la Russie en tant que principaux sélectionnés. Alina Gorbatcheva et Vladislav Dikidzhi seront réservistes.
En revanche, aucun couple en patinage artistique ni duo en danse sur glace ne prendra part aux qualifications. Aucune des paires n’a été jugée apte à remplir les exigences de neutralité.
Critères flous, décisions contestées
Le président de la Fédération russe de patinage artistique, Anton Sikharulidze, a confirmé que l’ISU n’a pas justifié ses choix, comme le prévoyait pourtant un communiqué antérieur de l’organisation. Pire encore, l’ISU a supprimé toute possibilité de recours. Seule option restante : un éventuel appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Cependant, l’ISU affirme avoir examiné les antécédents publics des patineurs depuis février 2022. Même sans preuve de participation directe à des événements politiques pour les duos écartés, elle a visiblement tenu compte de leur présence à des cérémonies officielles ou de certaines publications sur les réseaux sociaux.
Stepanova et Bukin, par exemple, étaient présents lors du discours présidentiel de Vladimir Poutine à l’Assemblée fédérale, en 2023.
Anastasia Mishina et Alexander Galliamov, invités au Kremlin en avril 2022 pour recevoir des récompenses d’État, s’étaient publiquement réjouis de leur rencontre avec le président russe.
Cela aurait participé à compromettre leur admissibilité.
Des choix techniques… mais pas seulement
Dans les disciplines individuelles, la sélection a également suscité des réactions. Le choix d’Adelia Petrosyan fait largement consensus. Sa domination sur la scène nationale est évidente. En revanche, la sélection de Pyotr Gumennik a suscité davantage de débats. Certains s’interrogent sur sa présence au détriment d’Evgeny Semenenko par exemple.
Gumennik est capable de livrer des performances artistiques audacieuses mais une certaine irrégularité persiste. Quant à Semenenko, sa présence sur la liste de sanctions ukrainiennes a joué en sa défaveur.
Une neutralité conditionnelle et réversible
Même pour ceux qui figurent sur la liste de l’ISU, rien n’est définitivement acquis. L’organisation a précisé que de nouvelles preuves ou informations pourraient remettre en cause leur statut, à tout moment. Une forme de précarité juridique qui installe un climat d’instabilité permanent.
Les remplaçants, Gorbatcheva et Dikidzhi, ne pourraient être alignés qu’en cas de blessure de leurs coéquipiers, non pour des raisons administratives ou politiques. Ainsi, une éventuelle disqualification de Petrosyan ou de Gumennik, pour des motifs extra-sportifs, pourrait laisser la Russie sans représentants.
Le sport mondial au prisme du conflit
Ce cas emblématique illustre à quel point le sport n’est pas un terrain neutre. Alors que le CIO continue d’afficher une volonté d’universalité et d’apolitisme, les fédérations spécialisées prennent des décisions influencées par des dynamiques géopolitiques.
Le patinage artistique, discipline à la fois esthétique et technique, devient malgré lui un champ de bataille symbolique. Les athlètes ne sont plus seulement jugés sur leur talent, mais aussi sur leurs relations, leurs gestes passés, voire leurs silences. Dans un tel climat, la préparation aux Jeux ne se résume plus à l’entraînement physique : elle implique une prudence diplomatique constante.
Pékin 2025, Milan 2026 : l’avenir sous surveillance
La qualification olympique se jouera en septembre à Pékin. Pour décrocher leur billet pour Milan, les patineurs russes devront se hisser dans le top 5 mondial. Mais au-delà du résultat, c’est leur droit même à concourir qui reste suspendu à des équilibres fragiles.
Le cas russe pourrait bien faire jurisprudence. A’ l’heure où les conflits s’intensifient sur la scène internationale, combien d’autres athlètes verront leurs carrières influencées par des décisions qui dépassent le cadre sportif ? La question reste ouverte, mais le patinage artistique, lui, patine déjà sur une glace politique de plus en plus fine.
Rédigé par
Delphine Demenois Toltsky
**
Mon site est consacré au patinage artistique, mais il va bien au-delà de la simple performance sportive.
J’y explore aussi les réalités complexes qui entourent les athlètes de haut niveau : dopage, harcèlement, tca, santé mentale.
J’aborde également les questions de genre ainsi que les dimensions politiques et géopolitiques du sport, pour proposer une réflexion critique sur le monde du patinage et, plus largement, sur l’univers du sport.
**
[…] Il parle de sa manière de créer les programmes et donne son point de vue sur l’avenir du patinage russe, alors qu’un retour aux compétitions internationales se profile. […]
[…] En revanche, certains patineurs en solo, comme Adelia Petrosyan et Petr Gumennik restent autorisés … […]
[…] exclusion des patineurs russes suscite une grande incompréhension. L’Union internationale de patinage (ISU) a annoncé que seuls les patineurs en individuel seraien…, indispensable pour viser une place aux JO. Les couples artistiques et les duos de danse, eux, […]
[…] Pour Veronika, patiner sous le drapeau de l’Azerbaïdjan est une véritable opportunité. Elle y a vécu plusieurs années et en février 2025, elle a obtenu un passeport azéri. Le pays manque de concurrence féminine de haut niveau. Cela ouvrirait un chemin international dégagé pour elle. Elle pourrait ainsi participer à toutes les grandes compétitions, notamment, les Jeux Olympiques d…. […]