Le patineur artistique géorgien Morisi Kvitelashvili a expliqué pourquoi il était revenu s’entraîner à Moscou avec Eteri Tutberidze après avoir temporairement changé de lieu d’entrainement.
En novembre 2022, le patineur a rejoint l’Italie pour s’entrainer avec Lorenzo Magri. Mais cette saison n’a pas fonctionné pour Kvitelashvili : après l’argent au Finlandia Trophy, il n’a rencontré que des défaites au Grand Prix de Sheffield (8e) et d’Espoo (12e) mais aussi aux championnats d’Europe où il prend la 16e place.
A 28 ans, après 9 saisons seniors, il a remporté le bronze de l’Euro 2020 et la victoire au Grand Prix 2021 à Sotchi. Il est le seul patineur Georgien à avoir atteint de telles médailles.
– Combien de temps avez-vous vécu en Italie finalement ?
– Presque deux mois. Tout s’est passé rapidement. J’ai quitté Moscou avec pratiquement rien, j’ai acheté le matériel sur place et les entraîneurs m’ont aidé. Ils m’ont trouvé un vélo avec lequel j’allais à la patinoire. Le temps le permettait, l’automne y est plus chaud qu’à Moscou.
– Avez-vous de bons souvenirs de cette période ?
– Oui, mais quelque chose n’a pas fonctionné. J’ai essayé de consacrer tout mon temps à l’entraînement, de faire du cardio supplémentaire sur ce vélo… Mais les sauts ne fonctionnaient pas du tout à l’entrainement.
– Les entraîneurs de l’école italienne disent qu’il faut laisser du temps à la vie en dehors de la patinoire. Qu’en pensez-vous ?
– Je n’y suis pas habitué, à Moscou, au contraire, il y a une course permanente pour faire le maximum et vous n’avez le temps de rien. Aussi, mon niveau en langue ne me permettait pas de communiquer normalement. Et pour une raison quelconque, je n’y arrivais pas.
Ma famille et la maison me manquaient et je n’ai pas eu la force mentale de rester. J’aurais dû me forcer, mais je n’ai pas réussi.
– Je pense que tu es trop dur avec toi-même.
– Mais dans le sport, il n’y a pas d’autre moyen, pour avoir un résultat, vous devez être strict avec vous-même. Oui, je sais qu’il fallait endurer. C’était dur pendant deux mois, mais peut-être qu’après quatre ça aurait été plus facile. Tous mes amis me l’ont dit. Ils m’ont même aidé à trouver un tuteur anglais et italien. Mais c’était difficile.
Il y avait beaucoup de temps libre, j’ai essayé d’étudier tous les jours, mais il y a aussi une sorte de désespoir : vous étudiez, étudiez, étudiez, en vain. Il reste impossible de communiquer avec autrui ou même de lire les panneaux. Ca me rendait malade.
C’est pourquoi, j’ai pensé qu’il valait mieux préparer le Championnat d’Europe à Moscou, dans les conditions habituelles… Malheureusement, comme vous pouvez le voir, cela n’a pas beaucoup aidé.
– Comment as-tu vécu le retour à la maison ?
– Depuis mon retour d’Italie, je me sens toujours un peu perdu. Aurais-je dû rester là-bas ? J’ai eu l’habitude d’un rythme de vie soutenu à Moscou et j’ai besoin d’être sous pression pour me pousser.
Je suis très découragé par une atmosphère détendue. S’il n’y a pas de tension, il m’est difficile de me ressaisir et de me forcer. En revanche, si tout autour de moi bouillonne, alors ça me motive, je veux aussi faire le maximum.
Et puis, ce retour à Moscou a été compliqué notamment du fait de ma blessure. Je me suis tordu la jambe lors d’une étape du Grand Prix et j’ai dû mal à la soigner. Il y a aussi un épuisement moral. A force de travailler avec acharnement sans résultats, je perd espoir.
– Pensez-vous à la retraite ?
– Je commence à y penser, j’ai réalisé que le sport est difficile et ça ne dure pas toujours. La santé est primordiale pour continuer de progresser. Et j’ai le sentiment que mon corps ne suit plus.
Depuis Pékin 2022, je pense à la retraite mais avec appréhension. J’ai envie de décrocher des titres majeurs et arrêter maintenant, ce serait comme abandonné à mi-chemin. Et je ne veux pas être quelqu’un qui abandonne.
Le mantra selon lequel l’essentiel serait de participer, n’est pas le mien.
Rédigé par
Delph Toltsky
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