En seulement deux saisons de collaboration, Minerva Fabien Hase et Nikita Volodin ont imposé leur nom parmi les meilleurs du patinage artistique en couple. Aux derniers Championnats du monde, le duo de 25 ans a décroché la médaille d’argent, après avoir obtenu le bronze l’année précédente.
Le duo s’est distingué tout au long de la saison : vainqueur du Grand Prix pour la deuxième fois consécutive, puis sacré champion d’Europe à Tallinn. À Boston, seul le couple japonais Riku Miura / Ryuchi Kihara les a devancés de seulement 0.71 points.
Un nouveau départ après Pékin
Avant de briller ensemble, chacun avait connu des parcours semés d’embûches. Nikita Volodin, formé en Russie, pensait raccrocher les patins. Quant à Minerva, elle sortait d’un duo en perte de vitesse avec Nolan Seegert, avec qui elle avait disputé les JO de Pékin.
« Je savais que Nolan et moi avions atteint notre plafond. Je voulais continuer, lui non. La séparation a été douloureuse, mais nécessaire », confie Minerva.
Avec l’aide de l’entraîneur Dmitry Savin, elle fait la rencontre de Nikita après les Mondiaux de Montpellier.
Un choc culturel… tout en douceur
L’arrivée de Nikita en Allemagne est un bouleversement. Il ne parle ni allemand ni anglais, mais compense par une bienveillance désarmante.
« J’avais peur des clichés : les Russes sont exigeants, directs, froids. Mais Nikita a été chaleureux dès le début. Il ne m’a jamais fait sentir trop grande ou trop lourde. »
L’athlète russe lui fait même découvrir une autre façon de vivre le partenariat sportif, empreinte de respect, de soin et d’échanges.
L’alchimie technique dès les premiers entraînements
Dès la première séance, la compatibilité technique saute aux yeux.
« Il n’a cessé de me demander : ‘Est-ce que c’est confortable pour toi ?’ Jamais ‘moi je ressens ça’. C’était une nouveauté. »
Le duo partage une base technique commune grâce à l’influence russe de Dmitry Savin. Un avantage crucial pour les éléments complexes comme le twist lift (le « подкрут » en russe), où Minerva se sent enfin en confiance après une grave blessure passée.
Un duo équilibré et soudé
Si Minerva gère les aspects logistiques – langue oblige –, Nikita est décrit comme « la pierre angulaire du couple ». Calme, optimiste, protecteur, il incarne la solidité. Ensemble, ils travaillent avec rigueur, mais sans violence.
« Il a dû apprendre à ne pas tout donner à chaque entraînement. On veut durer, pas s’effondrer après une saison. »
Et s’ils se disputent ?
« Comme un vieux couple marié depuis 50 ans », plaisante Minerva. Mais jamais durablement : les émotions retombent vite, et l’harmonie revient.
Le respect mutuel, clé de leur réussite
Minerva insiste : le respect est au cœur de leur partenariat. Ils communiquent, s’écoutent, se tirent vers le haut.
« Il m’a appris à repousser mes limites. Avant lui, je croyais m’entraîner à fond… en réalité, je donnais à peine 10 % de ce que je fais aujourd’hui. »
Cette exigence partagée leur a permis de progresser vite, tout en consolidant leur relation professionnelle, sans confusion avec une relation amoureuse, disent-ils.
Le rêve olympique toujours vivant
Minerva a beau avoir déjà porté les couleurs de l’Allemagne aux Jeux olympiques de Pékin en 2022, elle garde de cette première expérience un goût d’inachevé. La faute au contexte sanitaire, encore lourdement marqué par le Covid, qui avait vidé l’événement de toute sa ferveur collective.
« J’étais aux Jeux, mais ce n’était pas les Jeux », confie-t-elle. « On ne pouvait voir personne, on n’avait pas le droit de soutenir les autres disciplines, de partager avec les autres athlètes. Tout ce qui fait l’esprit olympique était absent. »
Derrière cette frustration, c’est un rêve d’enfant qu’elle n’a pas encore vraiment réalisé. Alors, à 24 ans, son objectif est clair : vivre pleinement les Jeux de Milan-Cortina 2026. Et cette fois, avec les supporters, la ferveur et les frissons.
« Je veux marcher dans le village olympique, soutenir l’équipe d’Allemagne, partager avec les autres sportifs. Je le dois à la petite fille que j’étais. »
