
Alysa Liu est la sensation inattendue de la saison de patinage artistique. Deux ans après avoir annoncé la fin de sa carrière, elle est revenue en pleine forme. Son sacre aux Championnats du monde à Boston est l’une des plus belles histoires de la saison.
Mais qui est vraiment Alysa Liu ? Voici 8 faits pour mieux la connaître.
1. La première championne du monde américaine depuis 19 ans
Alysa Liu a offert aux États-Unis leur première médaille d’or mondiale en patinage artistique féminin depuis 2006. À l’époque, Alysa n’avait que six mois…
Depuis le déclin du patinage féminin américain dans les années 2000, seules trois Américaines étaient montées sur un podium mondial : Ashley Wagner (argent en 2016), Liu (bronze en 2022) et Isabeau Levito (argent en 2024).
La médaille d’or de Liu constitue une victoire historique, même si elle reste incomplète en l’absence des Russes dans le championnat.
2. Un retour en fanfare et des records pulvérisés
À Boston, elle a surpassé toutes ses anciennes performances :
- Programme court : 74,58
- Programme libre : 148,39
- Total : 222,97
Ce score dépasse largement son précédent record (219,24 en 2021). Fait étonnant : durant toute la saison, elle n’avait jamais franchi la barre des 200 points.
Selon de nombreux commentateurs internationaux, elle aurait bénéficié d’un jugement indulgent, favorisé par le fait que la compétition se tenait sur le sol américain. Plusieurs de ses sauts, entachés de pré-rotations et de sous-rotations, n’auraient pas été évalués avec la même clémence dans un autre contexte.
3. Un prodige dès l’enfance
Liu a éclaboussé le monde junior de son talent précoce :
- En 2018, elle devient la plus jeune patineuse à réussir un triple axel en compétition internationale.
- En 2019, elle remporte les championnats nationaux à 13 ans, la plus jeune championne américaine de l’histoire.
- En 2020, elle défend son titre, devenant aussi la plus jeune double championne nationale.
- Elle est la première Américaine à réussir un quadruple saut en compétition ISU (quad lutz).
- Et elle est la première au monde à combiner un quad lutz et un triple axel dans un seul programme.
4. Une icône précoce des médias
Alysa devient rapidement une icône nationale.
Elle figure au classement Time 100 Next et apparaît dans les émissions de Jimmy Fallon et de NBC. Elle remet un prix à Lindsey Vonn lors des Kids’ Choice Awards.
On la retrouve en couverture de Time, Sports Illustrated et Elle.
5. Une carrière internationale freinée par les attentes
Malgré son talent, Liu a mis du temps à briller au niveau senior. Elle a été éclipsée par Kamila Valieva et d’autres stars russes. Aux Jeux de Pékin 2022, elle ne termine que 7e, derrière les russes et les japonaises.
Elle n’a jamais gagné de Grand Prix senior et n’a que des titres en « challengers ». Beaucoup voyaient en elle un feu de paille… jusqu’à ce retour spectaculaire.
6. Une histoire familiale hors du commun
Son père, Arthur Liu, né Junguo Liu, est un réfugié politique chinois. Il a fui la Chine après les manifestations de 1989 à Guangzhou, aussi connu sous le nom de « Manifestations de la place Tian’anmen« . Seul, il a élevé Alysa, née d’une mère porteuse et d’un don d’ovule, ainsi que ses quatre frères et sœurs.
Avant les Jeux de Pékin, le gouvernement chinois a tenté de recruter Alysa dans sa sélection nationale. Arthur s’y est fermement opposé. De plus, la famille affirme avoir été harcelée par des espions liés au gouvernement chinois, forçant les autorités américaines à mettre en place une sécurité renforcée pour permettre à la jeune patineuse de participer aux Jeux.
Pendant des années, Arthur a tout sacrifié pour sa fille : réveils à l’aube, trajets interminables, gestion de sa carrière. Un rêve qu’il portait pour elle, mais qui n’était pas vraiment le sien. Ce poids des attentes des adultes pesait sur Alysa. S’éloigner de cette pression est devenu une nécessité pour elle.
Finalement, elle a réussi à se libérer de ces attentes et à se réinventer, trouvant ainsi son propre chemin vers l’épanouissement et la victoire !
7. Le retour surprise… grâce au ski
Après les JO de 2022, Liu quitte le patinage. « J’ai décidé il y a longtemps que je partirais après les Jeux. C’est peut-être égoïste, mais j’ai 16 ans, j’ai envie de vivre autre chose. »
Elle a pu vivre sa jeunesse à 200 % : université à UCLA (psychologie), vacances avec des amis, randonnées dans l’Himalaya, manifestations politiques… sans jamais remettre les pieds sur une patinoire.
C’est pendant un séjour au ski, qu’elle a ressenti la nostalgie de la glisse. Elle a alors retrouvé ses vieux patins et est allée à une séance publique :
« Je ne savais même plus freiner, mais à la fin du cours, j’ai quand même sauté un triple salchow… »
Peu à peu, elle s’est remise à patiner, mais cette fois pour elle-même, pas pour son père. Elle a choisi ses propres coachs, son rythme d’entraînement, sa musique… et sa garde-robe.
8. Une transformation radicale, sur glace et en dehors
« Avant, ma vie se résumait à la patinoire. Maintenant, j’ai trouvé l’équilibre. Je vis une vie qui me plaît. »
Elle a troqué ses leggins noirs pour des collants colorés, des vestes en fausse fourrure et des looks expressifs. Son style est à son image : libre, authentique, résolument non-conformiste.
Sur la glace, son patinage est métamorphosé. Plus mature, plus expressif, plus serein.
Alysa Liu n’est pas seulement revenue sur la glace. Elle s’est réapproprié sa vie, ses choix, son image. Elle ne veut plus briller pour satisfaire un rêve parental ou national, mais veut profiter de la glace et de la vie :
« Ce n’est pas que je prends le patinage moins au sérieux. C’est juste que je n’en fais plus le centre de ma vie. Et c’est génial. »
Rédigé par
Delph Toltsky
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