
Dans une interview à l’agence TASS, Daniil Gleikhengauz, chorégraphe du groupe d’Eteri Tutberidze, revient sur la saison écoulée.
Il parle de sa manière de créer les programmes et donne son point de vue sur l’avenir du patinage russe, alors qu’un retour aux compétitions internationales se profile.
Q : La saison vient de s’achever. Quels aspects vous ont satisfait, et lesquels moins ?
Daniil Gleikhengauz : Globalement, c’était une saison correcte, mais nous avons connu de meilleures périodes dans notre carrière. Tout ne s’est pas passé comme prévu, mais nous savons désormais sur quoi travailler et quelles erreurs corriger. On espère que la prochaine saison sera meilleure.
Q : Où trouvez-vous l’inspiration pour la chorégraphie des programmes ?
Daniil G : L’inspiration est imprévisible. Elle peut surgir n’importe où, n’importe quand. Je m’efforce de la provoquer : je regarde énormément de films, de comédies musicales, de spectacles, j’écoute toutes les bandes-son de la saison, les œuvres primées, les classiques… Il faut s’ouvrir au maximum pour élargir son horizon.
Q : Vous arrive-t-il de manquer d’inspiration ?
Daniil G : Si l’on veut éviter ça, il faut constamment chercher, toute l’année. Le moment le plus difficile, c’est lorsqu’on crée tous les programmes de la saison. La fatigue physique s’accumule, et c’est alors plus dur de générer des idées. D’où l’importance d’avoir un “réservoir” d’idées préalablement constitué.
Q : Comment gérez-vous les critiques sur vos chorégraphies ?
Daniil G : Assez sereinement. La critique constructive est nécessaire. Tant qu’elle reste respectueuse et qu’elle n’attaque pas les athlètes personnellement, elle peut être bénéfique. Cela permet de progresser.
Q : Vous avez utilisé des chansons en russe dans les programmes cette saison. Envisagez-vous de recommencer ?
Daniil G : Le programme court d’Adelia Petrosyan a très bien fonctionné et l’a aidée à mûrir. Celui de Sofia Akatieva, quand elle le réussissait, était également efficace. Donc oui, c’était une bonne expérience. Mais si nous revenons aux compétitions internationales, je ne pense pas réutiliser des paroles en russe, du moins pour l’instant.
Q : Les éléments ultra-C sont maîtrisés de plus en plus jeunes. Que pensez-vous de cette tendance ?
Daniil G : Je ne constate pas un changement radical. Avec Sasha Trusova, Anna Shcherbakova ou Kamila Valieva, on a commencé les quadruples à un âge similaire aux jeunes d’aujourd’hui. Avec la hausse de la limite d’âge, on pourrait cependant les voir apparaître plus tard.
Q : La préparation change-t-elle cet été, en espérant un retour aux compétitions internationales ?
Daniil G : Pas fondamentalement. Seuls quelques athlètes russes pourraient y participer. Leur préparation sera donc ajustée pour qu’ils soient au meilleur de leur forme dès septembre, dans le but de décrocher des quotas olympiques.
Q : Êtes-vous plutôt optimiste ou inquiet quant à cette qualification olympique ?
Daniil G : Je veux y croire !
Q : Avez-vous été surpris que la Russie n’obtienne qu’un seul quota par discipline ?
Daniil G : Non, c’était logique après plusieurs saisons d’absence. Les règles sont ainsi faites.
Q : Selon vous, comment les autres pays vont-ils accueillir le retour des Russes ?
Daniil G : Difficile à dire. Certains seront contents, notamment ceux qui voient ce sport comme un art et qui souhaitent le niveau le plus élevé. D’autres pays seront mécontents, mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est de revenir.
Q : Après trois saisons uniquement nationales, dans quel état se trouve le patinage russe ?
Daniil G : Je pense que nous avons bien résisté. La fédération et Channel One ont beaucoup fait pour maintenir l’intérêt des fans et des athlètes. C’était difficile, mais je crois que cette période touche à sa fin.
Q : L’intérêt du public pour le patinage a-t-il diminué ?
Daniil G : Non, les patinoires sont pleines. Mais cela ne durera pas éternellement. Pour le grand public, les titres mondiaux et olympiques sont importants pour maintenir l’enthousiasme.
Q : On demande souvent aux entraîneurs comment les athlètes vivent cette situation. Et vous, comment la vivez-vous ?
Daniil G : C’est un processus épuisant. Il faut d’abord se motiver soi-même, puis motiver l’athlète, et déployer une énergie énorme pour qu’il ne perde pas la leur. C’est exigeant sur tous les plans.
Rédigé par
Delphine Demenois Toltsky
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J’y explore aussi les réalités complexes qui entourent les athlètes de haut niveau : dopage, harcèlement, tca, santé mentale.
J’aborde également les questions de genre ainsi que les dimensions politiques et géopolitiques du sport, pour proposer une réflexion critique sur le monde du patinage et, plus largement, sur l’univers du sport.
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