L’ISU a décidé d’appuyer les nouvelles restrictions des occidents suite à la guerre en Ukraine. Ainsi, les patineurs russes et biélorusses ne pourront plus participer aux compétitions internationales jusqu’à nouvel ordre. Cette décision a provoqué un raz-de-marée chez les sportifs russes qui ne comprennent pas ce choix. Pourquoi sont-ils pénalisés alors qu’ils subissent également le système politique de leur pays ?

« La Russie s’attendait à des sanctions, mais pas à l’encontre de ses athlètes, des journalistes et des représentants de la culture », témoigne le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Lors des différents débats de ces derniers jours, nombreux sont les occidentaux qui ont apporté leur soutien aux peuples russe et ukrainien. Parce que encore une fois, ce sont les peuples qui subissent les violences de la guerre et toutes les répercussions associées.

Pourquoi exclure les athlètes russes des compétitions internationales ?

Le sport est l’un des softs power* les plus puissants. 

Comme l’explique le spécialiste français du lien entre sport et politique Pascal Boniface: « Le sport est un facteur social global qui se joue des frontières mais aussi des clivages politiques, ethniques ou religieux. Souvent, le premier contact d’un enfant avec le monde extérieur est une vedette sportive. Il pourra l’admirer même s’il n’a pas la même nationalité ou couleur de peau. Et il ne s’interrogera pas sur le Dieu auquel il croit ou même s’il croit en l’un d’entre eux.« 

Effectivement, le sport est l’une des premières relations internationales que les gens ont. Etre fan de Messi ou de Ronaldo n’a ni frontières, ni barrières linguistiques, culturelles, religieuses ou politiques. Les individus admirent un athlète pour ses prouesses sans se demander s’ils sont culturellement proches de lui.

Le sport est politique ! Et cela n’a pas échappé à Vladimir Vladimirovitch Poutine ! Depuis tant d’années, son gouvernement utilise ce symbole d’universalisme pour valoriser son pays et montrer la grandeur d’un régime autoritaire.

 

Symbole de la triche d’état

Les JO de Sotchi ont fait beaucoup parler. La victoire des athlètes russes surnotés n’est pas passée inaperçue du côté des autres athlètes, commentateurs sportifs et fans. Prenons par exemple le cas d’Adelina Sotnikova qui a proposé un programme complexe mais pas aussi difficile et réussi que celui de sa concurrente Yuna Kim. Pourtant, Sotnikova a décroché l’or.

Alors, non, il n’est pas nécessaire de harceler cette athlète pour sa victoire. Son rôle était de patiner et elle l’a fait. En revanche, cela est extrêmement critiquable de la part des juges et de la fédération organisatrice. D’autant qu’après sa victoire, elle s’est retrouvée seule, sans soutien notable de sa fédération, de ses entraineurs ou des politiques en place.

Un athlète reçoit beaucoup d’amour mais aussi beaucoup de haine avec ses succès. Le rêve de n’importe quel athlète est d’obtenir un titre olympique. Mais si ce titre divisera toujours, il divisera encore plus s’il ne semble pas mérité. Sotnikova est, encore aujourd’hui, harcelée sur les réseaux sociaux pour sa victoire. Elle a choisi la discrétion depuis son succès. Et il lui est sans cesse rappelé qu’elle n’était pas méritante. Cette jeune femme n’avait que 17 ans au moment des faits. Elle est devenue le symbole, malgré elle, de la triche sportive russe.

Le sport comme enjeu politique

Et ça, de nombreux gouvernements l’ont bien compris. Un athlète a un rayonnement international, inspire les jeunes (et les moins jeunes), fait rêver et oublier les questions existentielles du quotidien. Leur victoire deviennent nos victoires, leurs rêves deviennent les nôtres. Ce rapport complètement idéalisé nous nourrit et nous inspire.

Mais derrière les grandes victoires, se cache souvent une exploitation. Dans certains pays, la réussite d’un athlète passe avant tout, avant sa santé physique et mentale, avant ses relations familiales, amicales, amoureuses, avant sa scolarité, avant son repos. Il n’est plus simplement lui, il représente et « appartient » à son pays. Car sa réussite est synonyme de réussite du pays.

L’ouverture des Jeux Olympiques de Sotchi était politiquement très symbolique et avait fait rire. En effet, lors de l’ouverture des anneaux olympiques, tous se sont ouverts sauf celui représentant les États-Unis. Le message subliminal était on ne peut plus clair !

Par ailleurs, les athlètes médaillés sont tous célébrés à leur retour de compétitions internationales, notamment après les Jeux Olympiques. Une grande cérémonie est organisée au Kremlin à Moscou et chaque athlète reçoit différents prix en fonction de sa médaille. Il y a le titre très prestigieux de « Maitre honoraire des sports de Russie » qu’ont obtenu Mark Kondratiuk, Kamila Valieva, Alexandra Trusova

Ces titres fonctionnent comme les titres militaires. Le parallèle est vite fait: les sportifs offrent leur vie à leur pays.

A cela s’ajoute des cadeaux tels que des voitures, de l’argent et des babioles en tout genre. Les médaillés olympiques 2014 sont repartis avec une Audi A8 pour les champions olympiques, une Audi A7 pour les médaillés d’argent et une Audi A6 pour les médaillés de bronze. Tandis que les médaillés de 2022 sont repartis avec 4 millions de roubles chacun pour les médaillés d’or et 2.5 millions de roubles pour les médaillés d’argent.

*Le soft power se définit par la capacité d’un État à influencer et à orienter les relations internationales en sa faveur par un ensemble de moyens autres que coercitifs (menace ou emploi de la force), procédés qui relèvent pour leur part du hard power, ou pouvoir de contrainte.

**Медаль ордена «За заслуги перед Отечеством»

Rédigé par

Delph Toltsky

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