Champions de Russie en danse sur glace lors de la saison 2022/2023, Elizaveta Khudaiberdieva et Yegor Bazin ont annoncé la fin de leur carrière compétitive.

Une fin prématurée pour un duo au fort potentiel, ralenti non par un manque de perspectives internationales.

Une reconversion réfléchie pour Khudaiberdieva

À seulement 22 ans, Elizaveta Khudaiberdieva a confirmé qu’elle ne cherchera pas de nouveau partenaire. Sur Telegram, la patineuse a évoqué avec ses abonnés cette phase de transition et les choix qui l’accompagnent.

« Il y a beaucoup de questions à ce sujet, mais je ne viens pas d’annoncer la fin de ma carrière. » a-t-elle précisé, laissant la porte entrouverte à un possible retour.

Khudaiberdieva se tourne désormais vers les médias, en particulier le commentaire sportif, un domaine où elle semble déjà trouver sa place. Elle n’envisage pas pour l’instant une carrière d’entraîneuse à plein temps, mais reste ouverte à des collaborations ponctuelles. Chorégraphie, création de programmes : elle souhaite continuer à s’impliquer dans le monde du patinage.

« Je ne me vois pas à 100 % dans le coaching. Mais je serai ravie de participer à des créations ou à des programmes si l’occasion se présente. »

Bazin : une décision plus complexe que l’âge

De son côté, Yegor Bazin, 29 ans, insiste : sa décision de se retirer n’a rien à voir avec l’âge. Loin d’être usé physiquement, le patineur évoque plutôt une lassitude mentale, alimentée par un manque de perspectives internationales.

« J’ai longtemps rêvé des Jeux olympiques. Mais un jour, tu te retrouves à l’entraînement, le corps en vrac, l’envie en berne, et plus aucune réponse à la question : pourquoi je patine encore ? »

Bazin revient également sur les discussions avec leur entraîneur Alexander Zhulin après les championnats nationaux, qui n’ont pas permis de raviver suffisamment la flamme. Il évoque une période remplie de doutes, marquée par le report des Jeux de l’amitié d’hiver, initialement présentés comme un substitut aux Jeux olympiques, et un désengagement progressif des instances sportives.

Par ailleurs, selon lui, leur duo n’était plus dans les plans stratégiques de la fédération.

« On ne nous a pas retenus. On ne faisait même pas partie des remplaçants pour les prochaines échéances internationales. La fédération a défini sa stratégie et nous n’en faisions tout simplement pas partie. »

Une carrière écourtée par les circonstances

Leur retrait de la scène compétitive laisse un goût d’inachevé pour certains observateurs. Le médaillé d’argent olympique Alexander Enbert a exprimé sa déception.

« Il me semble qu’ils n’ont pas tout dit en danse sur glace. C’est un couple très brillant, je les ai aimés dès leur création. […] C’est dommage qu’ils aient évolué à une époque sans compétitions internationales et avec des quotas réduits. »

Bazin le reconnaît : dans un autre contexte, l’histoire aurait pu s’écrire autrement.

« Si les frontières avaient été ouvertes, Lisa et moi patinerions encore. Parce qu’il y aurait eu du développement, une perspective. »

Rédigé par

Delphine Demenois Toltsky

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