
Depuis près de deux ans, la rumeur d’un possible transfert de patineuse artistique russe Veronika Zhilina vers l’Azerbaïdjan a enflé.
Aujourd’hui, cette histoire prend une tournure officielle : la Fédération russe de patinage artistique (FFKR) refuse de valider son départ.
Le rêve du drapeau azéri
Pour Veronika, patiner sous le drapeau de l’Azerbaïdjan est une véritable opportunité. Elle y a vécu plusieurs années et en février 2025, elle a obtenu un passeport azéri. Le pays manque de concurrence féminine de haut niveau. Cela ouvrirait un chemin international dégagé pour elle. Elle pourrait ainsi participer à toutes les grandes compétitions, notamment, les Jeux Olympiques de Milan en 2026.
Elle affiche un attachement profond à l’Azerbaïdjan. « L’Azerbaïdjan est dans mon âme et dans mon cœur », déclare-t-elle, en espérant toujours obtenir l’autorisation officielle de transfert.
Une carrière freinée par blessures et transition difficile
Après une brillante victoire à la finale du Grand Prix de Russie juniors en mars 2023, Veronika s’était préparée à passer chez les adultes. Ses essais techniques, incluant un triple axel et un quadruple saut boucle piquée, semblaient prometteurs. Mais une blessure à l’épaule l’a contrainte à se retirer du circuit compétitif.
La récupération s’est révélée longue et compliquée, notamment à cause de problèmes dorsaux récurrents. Même avec un retour aux entraînements sérieux, incluant des quadruples sauts, elle n’a pu reprendre la compétition. Selon Evgeny Plushenko, son entraîneur, la situation est complexe, et Veronika a dû reprendre le suivi de sa rééducation.
Cette pause de près de deux ans, due à la puberté et aux blessures, a perturbé son rythme de compétition. Malgré tout, elle réussit régulièrement plusieurs sauts difficiles à l’entraînement.
Un transfert freiné
Le transfert est soumis à plusieurs contraintes. L’Union Internationale de Patinage (ISU) impose une quarantaine d’un an depuis la dernière compétition sous le drapeau précédent. La FFKR applique des règles plus strictes, exigeant un délai supplémentaire à partir de la date de la demande officielle.
Bien que l’Azerbaïdjan ait manifesté son intérêt, et que Veronika ait obtenu son passeport azéri, la Fédération russe bloque son départ. Celle-ci continue de la financer et la considère toujours comme une de ses athlètes prometteuses.
L’ombre du scandale Rozanov
Par ailleurs, le dossier de Veronika est entaché par des accusations de harcèlement présumé à l’encontre de son ancien entraîneur Sergei Rozanov. Ces allégations ont été évoquées publiquement, mais aucune enquête officielle ou procédure n’a été engagée.
Certains observateurs estiment que ces accusations s’inscrivent dans une stratégie politique. Elles pourraient viser à faire pression sur la FFKR pour obtenir le transfert. Le comité exécutif, lui, est resté ferme. Le président Anton Sikharulidze a exprimé des doutes sur la sincérité des révélations et leur timing, suggérant qu’elles serviraient un objectif plus opportuniste que véritablement éthique…
Nonobstant, les accusations d’agression restent graves et ne doivent jamais être minimisées. Même dans un contexte tendu comme celui du transfert, elles exigent une prise au sérieux, une enquête rigoureuse et un respect absolu des personnes impliquées.
Rédigé par
Delphine Demenois Toltsky
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