
Entre 2020 et 2025, l’Agence nationale antidopage allemande (NADA) a tenu secrètes les sanctions de 76 athlètes contrôlés positifs. Certaines estimations impliquent jusqu’à 130 sportifs allemands de haut niveau dans des affaires de dopage.
Cette opacité viole le Code mondial antidopage, qui impose la publication des noms des contrevenants. Elle soulève de sérieuses questions sur la transparence du dispositif antidopage en Allemagne.
Le cas Martin Hiller : déclencheur du scandale antidopage
Le scandale a éclaté avec la suspension de Martin Hiller, champion d’Europe et du monde d’aviron. En février 2025, les tests ont révélé qu’il était positif aux stéroïdes anabolisants. Il a écopé de quatre ans de suspension. Pourtant, aucune information officielle n’apparaissait sur le site de la NADA.
C’est l’enquête de la chaîne ARD qui a révélé l’affaire. Elle a aussi mis en lumière des dizaines d’autres cas de dopage passés sous silence.
Cependant, le Code mondial antidopage est clair : toute violation doit être publiée. Cela inclut le nom de l’athlète, les substances détectées et la durée de la sanction. En ne le faisant pas, la NADA viole les règles internationales.
La NADA justifie l’absence de publication par la loi allemande sur la protection des données personnelles, qui limiterait sa capacité à divulguer les identités des sportifs suspendus.
Un appel à une réforme du système antidopage allemand
Dans son article « Le sport sans dopage en Allemagne est une illusion », Hajo Seppelt dénonce l’hypocrisie du système.
Pendant des années, l’Allemagne a renvoyé une image de pureté sportive. Le faible nombre de cas signalés donnait l’impression d’un pays épargné. La réalité est tout autre…
Le journaliste appelle à une réforme en profondeur du système antidopage allemand. Il reproche aux instances sportives et aux médias leur manque de vigilance.
Il insiste : il faut trouver un équilibre entre le respect de la vie privée et le besoin de transparence.
« La vie privée est importante. Mais quand un athlète triche, son nom doit être rendu public une fois la sanction confirmée », écrit-il.
Le sport, enjeu géopolitique et terrain d’instrumentalisation
Au-delà des enjeux éthiques et réglementaires, le dopage s’inscrit dans une logique géopolitique plus large, où le sport devient un instrument de pouvoir symbolique. Le sport de haut niveau ne se limite plus à la performance : il est un vecteur d’influence, un miroir de la puissance d’un État sur la scène internationale.
Dans cette compétition, les victoires sportives pèsent lourd. Elles nourrissent le récit national, renforcent l’image d’excellence, et projettent une forme de supériorité dans l’arène mondiale. Cette obsession du prestige peut conduire certains États à fermer les yeux sur les dérives, voire à institutionnaliser des pratiques dopantes, pour préserver leur aura internationale.
Dans ce contexte, les athlètes cessent d’être des individus : ils deviennent des représentations vivantes d’ambitions étatiques. Leur corps, leur carrière, parfois leur intégrité, sont mis au service d’objectifs qui les dépassent. Le dopage devient alors un outil stratégique, cynique et systémique.
Exiger la transparence, faire respecter les règles, c’est refuser l’instrumentalisation du sport. C’est défendre une vision du sport non pas comme vitrine de puissance, mais comme espace d’intégrité, d’effort réel et de respect collectif.
Rédigé par
Delphine Demenois Toltsky
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Mon site est consacré au patinage artistique, mais il va bien au-delà de la simple performance sportive.
J’y explore aussi les réalités complexes qui entourent les athlètes de haut niveau : dopage, harcèlement, tca, santé mentale.
J’aborde également les questions de genre ainsi que les dimensions politiques et géopolitiques du sport, pour proposer une réflexion critique sur le monde du patinage et, plus largement, sur l’univers du sport.
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